Le personnage de Renart dans Le Roman de Renart《列那狐传奇》中列那狐形象分析

时间:2022-06-28 05:55:23

Le personnage de Renart dans Le Roman de Renart《列那狐传奇》中列那狐形象分析

摘 要:本文介绍《列那狐传奇》的背景、分析其人物形象并尽可能地通过这部作品探究中世纪法国的社会状况。

中世纪的等级制度自然产生了符合不同社会阶层趣味的不同类型的文学作品:符合统治阶级趣味的武功歌和,以及人民喜爱的市民文学。其中的《列那狐传奇》源出民间传统,历经四个世纪形成,是市民文学的杰出作品。其主人公列那狐是一个复杂多面的人物,既是一位打抱不平、惩恶扬善的天使,又是一个好色、偷窃和放荡的恶魔。这种复杂性使它从诞生之日一直到今天,受到了欧洲甚至世界的欢迎。这部作品的成功不仅在于它创造了众多栩栩如生的动物形象,还在于它继承动物寓言的传统,忠实地反映了那个时代的社会、文学状况和诞生中的批判精神。

关键词:文学;中世纪;列那狐

Le personnage de Renart dans Le Roman de Renart

Résumé

Ce mémoire présente le personnage de Renart dans Le Roman de Renart tout en repla?ant cette ?uvre dans son contexte historique qui est celui de la France du Moyen-?ge.

Le Moyen-?gedonne naissance à des ?uvres littéraires appartenant à des genres divers qui s’adressent à différentes catégories sociales : la chanson de geste et le roman courtois sont destinés aux gens de la cour, tandis que le Le Roman de Renart est apprécié par le peuple. Son héros, Renart, est un personnage complexe et polymorphe, allant du bon diable redresseur de torts au démon lubrique, fripon et débauché. La complexité de ce personnage rend Le Roman de Renart populaire en Europe et dans le monde, de son apparition jusqu’à aujourd’hui. Cette ?uvre doit son succès non seulement à son inventivité, mais aussi à son caractère irrévérencieux et satirique.

Mots-clés : Moyen-?ge ; Renart ; littérature

Introduction

Pour les historiens, le Moyen-?ge s’étend du Ve siècle (chute de l’Empire romain d’Occident) au XVe siècle (chute de l’Empire romain d’Orient). Cependant, en littérature, le Moyen-?ge ne dure que du Xe siècle au XVe siècle, car avant cette période, le fran?ais ne s’est pas encore formé. Le Moyen-?ge est une période intermédiaire entre l’Antiquité romaine et la Renaissance, période dans une certaine mesure négligée par les historiens et par les critiques littéraires. En Chine, ceux qui s’intéressent à la littérature fran?aise, s’intéressent beaucoup plus aux auteurs modernes qu’à ceux de l’époque médiévale. Le Moyen-?ge est non seulement l’époque de progrès matériels remarquables, mais aussi celle de la naissance d’une littérature riche et brillante, qui mérite des recherches approfondies.

Au Moyen-?ge, de nombreuses ?uvres littéraires de toutes sortes apparaissent, dont Le Roman de Renart, composé de récits qui circulaient oralement au sein du peuple depuis longtemps. Contrairement aux ouvrages des grands écrivains fran?ais, traduits intégralement en chinois, Le Roman de Renart n’est connu en Chine que de fa?on fragmentaire, sous forme de bandes dessinées. ? travers les récits dont il est composé, on fait la connaissance de Renart, le héros, un goupil complexe, et on découvre la France du Moyen-?ge.

1Chapitre I Le Roman de Renart et son époque

Le Roman de Renart trouve ses origines dans la société médiévale fran?aise. Il se forme progressivement pendant presque quatre siècles pour finalement devenir le recueil qu’on conna?t aujourd’hui.

1.1 La société médiévale fran?aise

Le Moyen-?ge est une période importante où la féodalité s’établit et se développe en Europe. ? la fin du XIIe siècle, époque où Le Roman de Renart appara?t, il existe une hiérarchie sociale rigoureuse en France : occupant la place suprême, le roi a sous son gouvernement les nobles, les seigneurs, les membres du clergé, les lettrés et, tout en bas de la société, les gens du peuple.

?tant le plus grand propriétaire terrien du pays, le roi accorde des fiefs aux seigneurs qui deviennent donc ses vassaux, et ceux-là accordent à leur tour une partie de leurs fiefs aux chevaliers. En tant que force spirituelle cohésive et qu’alliée efficace du temporel, l’?glise possède également une grande quantité de propriétés foncières. Tous ces gens appartiennent aux classes gouvernantes.

La majeure partie de la population vit à la campagne, dans des villages fondés sur les terres des seigneurs. Elle y mène une vie misérable : les paysans doivent non seulement cultiver la terre du seigneur mais aussi payer divers imp?ts et taxes. Par ailleurs, au XIIe siècle, l’artisanat commence à se séparer de l’agriculture et le commerce à prospérer, à mesure que l’économie se développe. Des artisans et des commer?ants se rassemblent dans des villes. Tous ces gens appartiennent aux classes gouvernées.

La société fran?aise du Moyen-?ge est pleine de tensions et de conflits. Sur le plan politique, la noblesse et le clergé bénéficient du pouvoir et de privilèges, tandis que le peuple vit au plus bas de la société, sans droits politiques. Sur le plan économique, les seigneurs disposent de terres, tandis que le peuple n’a qu’un doit de fermage et est au service des possédants. Sur le plan spirituel, l’?glise possède une influence immense sur les pensées du peuple, peuple qu’elle maintient dans la docilité. Les tensions entre ces deux forces ont influencé la littérature médiévale. Comme le peuple est écrasé par la noblesse et les seigneurs, il utilise les histoires de Renart pour se venger : il est content quand Renart triomphe des plus forts, car c’est comme si lui-même triomphait de ceux qui l’écrasent.

1.2 La littérature médiévale fran?aise

La hiérarchie qui existe au sein de la société médiévale engendre des genres très différents en littérature, dont les plus connus sont la chanson de geste et le roman courtois, tous les deux destinés à la noblesse.

La chanson de geste est un récit qui met en avant le courage, le sens de l’honneur et de la loyauté, qualités essentielles de la chevalerie. Elle s’appuie sur des événements et des personnages réels, mais ajoute des éléments dramatiques inventés. Faisant non seulement preuve de patriotisme, le héros, souvent un roi puissant ou un baron fidèle, doit aussi défendre sa religion, c’est-à-dire le christianisme. Les chansons de geste sont le plus souvent récitées au rythme d’une vielle par des jongleurs qui vont de ch?teaux en ch?teaux ou bien sur les places publiques et les champs de foire. Ce genre littéraire, qui reflète et exalte les valeurs féodales, convient parfaitement aux idéaux de la noblesse. La Chanson de Roland, qui raconte la vie de Roland, commandant de l’armée de Charlemagne qui meurt en combattant les pa?ens, est la plus célèbre des chansons de geste.

Le roman courtois fait son apparition au cours de la seconde moitié du XIIe siècle, lorsque les cours des seigneurs se développent partout en France. On y vit de fa?on plus élégante que dans les siècles précédents et on établit des règles de savoir-vivre et un certain nombre de codes. Le roman courtois, lu par des personnes instruites, s’adresse à un public raffiné, c’est-à-dire aux gens de la cour. Tout en analysant les sentiments des personnages, il met en scène un héros qui se bat pour conquérir la dame de son c?ur, et non pas, comme dans la chanson de geste, par fidélité à Dieu et à son suzerain. Tristan et Iseult est un bon exemple de roman courtois. Il raconte l’histoire d’un amour invincible qui triomphe même de la mort.

Le Roman de Renart quant à lui appara?t à la fin du XIIe siècle et est plut?t destiné au peuple qui aime écouter ses histoires. Contes courts et satiriques en octosyllabe, elles se rient de tout sans épargner personne et expriment en même temps l’insatisfaction du peuple envers la société.

Par cette brève présentation de la littérature médiévale fran?aise, on voit donc que Le Roman de Renart se distingue clairement de la chanson de geste et du roman courtois. Celui-là met en relief les caractères du peuple : la diligence, la malice, l’égo?sme et la cupidité. Il présente la vie du peuple : la misère, le travail et l’oppression. Il critique impitoyablement les classes gouvernantes et respire la fra?cheur et la vitalité.

1.3 Le Roman de Renart

Le Roman de Renart n’est pas l’?uvre d’un romancier, mais un ensemble de courts récits indépendants en octosyllabe, appelés ? branches ?, écrits par différents auteurs. Il est composé de 27 branches et de 30 000 vers.

Le Roman de Renart est issu de la tradition populaire et de sources littéraires telles que les fables d’?sope. Depuis l’apparition de ces fables, dont les personnages sont des animaux, des plantes ou des choses sans vie faisant allusion à la société humaine, on a tendance à utiliser ce procédé de symbolisation. L’histoire de Renart et Tiécelin le corbeau provient elle-même d’?sope. De plus, au Moyen-?ge, comme la majorité de la population vit entourée par la nature vierge, elle est en contact étroit avec les animaux qu’elle conna?t bien. Les gens aiment parler et entendre parler de ce qu’ils connaissent. De là sont nées les histoires populaires de Renart, dont les personnages sont des animaux.

Aux IXe et Xe siècles, les histoires de Renart ont circulé oralement au sein du peuple, puis ont été couchées sur papier au fil du temps, de 1174 à 1250, par des lettrés et des religieux. Parmi les 28 auteurs qui ont participé à l’élaboration du Roman de Renart, seuls trois ont fait conna?tre leur nom : Pierre de Saint-Cloud, Richard de Lison, et le Prêtre de la Croix-en-Brie. Au XIIIe siècle, les diverses branches ont été regroupées en recueils, ce qui a donné une certaine unité au Roman de Renart.

L’intrigue est centrée sur les luttes entre Renart le goupil et Ysengrin le loup. Renart a volé les jambons d’Ysengrin, lui a coupé tous ses poils, lui a fait perdre sa queue et a violé sa femme. C’est encore à cause de Renart qu’Ysengrin est battu par des hommes. Renart trompe tout le monde. Les animaux maltraités par Renart, représentés par Ysengrin, finissent donc par demander au Roi de juger Renart. Il y a des animaux qui soutiennent Ysengrin et d’autres qui plaident pour Renart, ce qui fait que ces deux ennemis décident de se battre en duel. Ayant perdu, Renart doit être pendu, mais il est pardonné en faisant semblant de vouloir expier ses péchés.

Ces histoires sont si populaires que les goupils sont aujourd’hui appelés ? renards ? et qu’elles auront des versions allemande, italienne et flamande. Le Roman de Renart a aussi des suites aux XIIIe, XIVe et XVe siècles : Le Couronnement de Renart de Rutebeuf, où Renart aspire à entrer dans la vie politique ; Renart le Nouvel de Jacquemart Gielée, qui raconte la consécration de Renart par le pape ; ou bien encore Renart le Contrefait d’un clerc de Troyes, où Renart s’en prend violemment à l’?glise et à la noblesse.

2Chapitre II Les différents aspects de la personnalité de Renart

Le Roman de Renart met principalement en scène Renart, un personnage complexe aux multiples facettes qui a à la fois des caractéristiques animales et des caractéristiques humaines.

2.1 Un personnage complexe

Renart est un goupil qui habite avec sa famille dans le ch?teau de Maupertuis. Toute sa famille est noble et dépend de ses tours pour vivre. Renart est un personnage très complexe et polymorphe, allant du bon diable redresseur de torts au démon lubrique, fripon et débauché.

D’une part, Renart lutte audacieusement contre les plus forts que lui. Ysengrin, ennemi éternel de Renart, tombe souvent dans ses traquenards malgré sa grande taille et sa robustesse. Les autres animaux puissants et les hommes, eux aussi, sont sans cesse trompés par ce malin : Brun, l’ours, se pince le nez en cherchant le miel que Renart lui désigne ; en simulant une fourrure de goupil accrochée au mur, Renart se régale dans un ch?teau pendant trois jours ; il ose même se frotter à Noble le lion qui veut l’exécuter. On admire Renart pour ses actes d’opposition à la force brutale. D’autre part, il opprime et méprise, lui aussi, les plus faibles. Grand seigneur, ils les appellent ? le vil peuple ? et les chasse tout le temps. Il mange des volailles, flatte le corbeau en vue de lui extorquer du fromage, dupe la mésange qu’il veut avaler, et il n’épargne même pas le grillon qui est trop petit pour apaiser sa faim. Ce qui est intéressant, c’est que, si rusé soit-il, Renart échoue souvent face aux plus faibles que lui.

Les intentions qui se cachent derrière les actions de Renart sont également complexes. Il ne mène pas d’intrigues que pour assurer sa subsistance, mais aussi pour manifester sa supériorité. Quand il feint d’être mort sur la route empruntée par des marchands de poissons, quand il esquive habilement le paysan qui veut l’attraper, quand il prétend vouloir faire un pèlerinage afin d’échapper à la pendaison, on pardonne à ce madré et on compatit, lui qui tient à la vie autant qu’à la nourriture. Par ailleurs, Renart est animé par une farouche volonté de puissance. Il a confiance en son intelligence, et il est s?r que l’intelligence est plus forte que la violence. Malgré sa faiblesse physique, il est content de défier l’autorité au péril de sa vie. C’est une fa?on pour lui d’établir plus complètement sa supériorité sur l’adversaire.

Renart incarne la ruse liée à l’art de la belle parole. Renart joue un double jeu avec le Roi et la religion. En apparence, il leur prodigue les marques du respect mais dès que le Roi a le dos tourné, il le nomme ? mauvais roi ? et ne manque jamais une occasion pour railler les rites et les dogmes religieux. Ainsi donc, plus on se penche sur Renart et plus profonde para?t son ambigu?té. C’est un goupil à double face. Toujours en danger de mort et souvent blessé, orgueilleux et affamé, rebelle et diplomate, il possède un pouvoir de séduction intense, qui vient de l’union des contraires en lui.

2.2 Un personnage animal et humain

Dans la mesure où Le Roman de Renart transpose dans le monde animal l’organisation de la société humaine, on trouve chez le héros certains aspects qui ne sont propres qu’aux animaux, et certains autres qui ne sont propres qu’aux hommes.

Renart est avant tout un véritable animal. Il a toutes les apparences de sa race : une petite taille, avec une belle fourrure rouge et un cercle de poils blancs autour du cou. Cette bête chasse d’autres animaux, cherche des aliments produits par l’homme pour apaiser sa faim, et dévore les chairs de créatures encore vivantes. Cet animal furtif a également des caractères typiquement ? renardiens ? : il aime infiniment manger du poulet, du poisson et du fromage ; il se faufile par les ouvertures les plus étroites souvent en pleine nuit ; il court très vite en prenant la fuite, et il sait bien donner le change aux chasseurs et aux chiens. Du lait le fait ? geindre et frémir de convoitise ? tandis que ? la langue lui br?l[e] ? ; à la vue de Tybert qui grignote une andouille, Renart est ? plus irrité, plus inquiet qu’on ne saurait dire ?, il ? lèche ses grenons, gratte des pieds, se lève, se baisse, se dresse sur le bas de la croix, pousse de petits cris de dépit ?. Dans le même ordre d’idées, il fait ? une belle moue ?, il met la tête entre les pieds, il lèche ses plaies, étanche le sang qui en sort, et il souille les louveteaux de ses ordures. Tous ces actes portent évidemment les traits animaux.

Cependant, tout comme les hommes, Renart vit dans un ch?teau et a une famille : une femme, Hermeline, et trois fils, Percehaie, Renardel et Malebranche. Il a aussi des parents : Ysengrin est son oncle et Grimbert est son cousin. Par ailleurs, il a toute la panoplie des sentiments humains : joie devant les malheurs de ses ennemis, satisfaction de tromper les autres, honte et regret d’être lui-même trompé, colère et haine quand il est insulté, découragement face aux échecs, pitié (bien que très rare) envers les faibles, convoitise, haute estime de lui-même et de son rang, peur et perplexité face aux grands dangers. Il agit quelquefois comme un chevalier C quand il manie les rênes de son cheval, quand il accepte et met la bague de la Reine, quand il joue de l’épée en duel C quelquefois comme un serviteur C quand il appelle respectueusement Ysengrin ? seigneur ? et Noble ? sire ?, à qui il donne du gibier, quand il s’incline devant Madame Fière et lui parle avec politesse C quelquefois comme un grand personnage C quand il fait peur à la fourmi, à l’écureuil et au lapin, quand il méprise tous les animaux qui l’accusent et quand il refuse de se reconna?tre vaincu. Pour le peuple, il est amusant de faire parler et agir les animaux comme si c’étaient des hommes. L’aspect humain de Renart ajoute de l’agrément à ces récits qui n’en sont que plus satiriques.

2.3 Un personnage aux relations ambigu?s avec les autres

Dans Le Roman de Renart, tout comme le personnage principal Renart, les autres animaux ont chacun un nom et une famille. Le nom des animaux est souvent en rapport avec un aspect de l’animal ou de son caractère. Le coq, qui chante clair, s’appelle Chantecler, et le loup, qui est puissant et a de ce fait la primauté, s’appelle Primaut. Le lion est le Roi de tous les animaux, il se nomme donc Noble.

Celui-ci occupe la place suprême dans le royaume animal. Lors du jugement de Renart, Noble prend évidemment parti en sa faveur. Ce roi dévoué au christianisme se montre charitable lorsqu’il pardonne à Renart.

Sous l’autorité du lion vivent des seigneurs comme Renart, Ysengrin ou Brun. Revêtu, dans la maison du Roi, de la charge de connétable, Ysengrin aime la violence, comme le montre son combat avec Renart : ? Ysengrin s’était jeté sur Renart, l’avait retenu sous ses pieds sans mouvement, l’avait battu, mordu ?. Comme tous les seigneurs, Ysengrin est à la fois insatiable et avare. Il refuse de donner du jambon à Renart, jambon que Renart l’a aidé à se procurer. C’est justement à cause de sa cupidité que l’oncle de Renart s’imagine que des poissons vont entrer dans le seau attaché à sa queue et qu’il y a, au fond d’un puits, un paradis où des ovins l’attendent. ? travers les conflits entre ces deux ennemis, on constate qu’Ysengrin, qui croit tout ce que dit Renart et fait tout ce qu’il lui recommande, est extrêmement sot. Ysengrin, par exemple, séduit par l’idée d’attraper des poissons, se fait raser la couronne par Renart.

Quant à Brun l’ours, il est presque aussi gourmand et aussi stupide qu’Ysengrin. Si Renart réussit à lui jouer des tours, ce n’est pas parce que Brun ne conna?t pas les intrigues de Renart, mais parce qu’il oublie tout en entendant le mot ? miel ?, qu’il aime plus que tout au monde. Aussi est-il devenu, une fois, le bouc émissaire de Renart, et a-t-il perdu, une autre fois, la peau de ses oreilles et de ses joues.

Au-dessous de ces personnages importants, il y a de petits nobles comme Chantecler et Tybert. Le coq, très vaniteux, feint la bravoure malgré la crainte que lui cause l’arrivée de Renart. Cette vanité crée une empoignade entre lui et Renart. Une autre fine mouche qui l’emporte sur Renart, c’est Tybert le chat. Ce félin est un rival de force égale à Renart : il est gros, ses dents sont bien aiguisées, et ses ongles sont grands, forts et effilés. Aussi fourbe que Renart, Tybert sait tromper ce trompeur, et, en cas d’échec, il lui en garde pour toujours rancune.

Tout en bas de cet univers, vivent les petits animaux. Tiécelin le corbeau perd son fromage à cause des flatteries de Renart : cette histoire provient d’une fable d’?sope et inspirera Le Corbeau et Le Renard de La Fontaine. La l?cheté de Couart est dr?le : un froncement de sourcils de Renart lui fait tellement peur qu’il se cache sous une haie et ne sort plus de là ; face à Renart, il n’ose même pas essayer de fuir. Comme on l’a dit, Renart est fréquemment vaincu par les animaux plus faibles que lui. Confrontée à Renart, la mésange se montre ingénieuse. Drouineau le moineau trouve un m?tin qui le venge de Renart qui a avalé tous ses enfants. Ainsi, on le voit, les relations de Renart aux autres sont complexes et souvent ambigu?s.

3Chapitre Ⅲ Renart, un personnage médiéval toujours apprécié aujourd’hui

Bien que Renart soit le personnage principal d’une ?uvre du Moyen-?ge, il est aujourd’hui encore toujours aussi apprécié des lecteurs en raison de son esprit irrévérencieux et critique.

3.1 Renart, personnage médiéval

Le Roman de Renart est un reflet relativement complet de la société médiévale dans la mesure où les animaux y sont organisés à l’image de la société humaine.

Noble représente parfaitement ce qu’était un roi à cette époque : puissant voire même parfois brutal, mais aussi autoritaire et, dans certains, cas partial. Quand il se f?che, tous le craignent, et, quand il est mécontent, il punit ses sujets à sa guise. Noble s’accapare toutes les victuailles et bat le loup qui veut les partager. Il est partial lorsqu’il rejette toujours les plaintes du loup concernant Renart et excuse ce dernier.

Les nobles et les seigneurs comme Renart, d’un c?té flattent le roi, et de l’autre, se brouillent entre eux et oppriment le peuple. Ysengrin en est un représentant typique : après la chasse, le loup donne la plus grande partie du gibier à Noble, et, pour rien au monde, il ne veut en donner une part à Renart. Les seigneurs comme Renart ne cèdent jamais rien de leurs intérêts acquis : ils sont cupides. Cruels, ils battent les faibles suivant leurs caprices : c’est un vrai reflet de la vie dans les cités médiévales. En tant que seigneur, Renart considère les vilains comme ? de vrais démons dont il ne faut pas même parler, tant on aurait de mal à en dire ?. En outre, il ne veut pour rien au monde go?ter à la chair de vilain, car il se croirait ? à jamais souillé ?. Le Roi, dans ce roman, adopte la même attitude : en apprenant que Renart avait noyé un vilain, il ? battait des mains, jurait que jamais vilain n’avait été mieux traité selon ses mérites ?.

Par ailleurs, Renart, comme tout le monde au Moyen-?ge, croit en Dieu. Avant le duel entre Ysengrin et Renart, la famille du goupil adresse à Dieu de ferventes prières, lui demandant à genoux d’enseigner à Renart un tour qui le rende victorieux. Le pèlerinage étant un moyen d’expier ses péchés, Renart, condamné à la pendaison, supplie le Roi de le laisser prendre la croix, quitter le pays, et visiter le Saint sépulcre. Grimbert intercède en faveur de son cousin afin que Noble laisse Renart aller en Terre Sainte, comme les croisés.

Ainsi donc, on le voit, Renart est par bien des aspects un personnage de son temps, un personnage du Moyen-?ge, mais son esprit irrévérencieux est, on va le voir, ce qui le rend toujours aussi actuel.

3.2 Renart, personnage irrévérencieux et parodique

On retrouve, chez Renart, de nombreux éléments qui caractérisent les héros des chansons de geste et des romans courtois, mais parodiés, moqués.

Pierre de Saint-Cloud et ses continuateurs, qui introduisent l’élément politique dans Le Roman de Renart, ont suivi pas à pas l’organisation, le mouvement et les formes mêmes de l’épopée. La clameur levée par Ysengrin ; les messages portés, à leurs risques et périls, par Baucent, par Brun et par Tybert ; le jugement et le combat judiciaire, tout cela se trouve, sur un ton plus élevé, dans les chansons de geste.

Le Roman de Renart ne manque pas non plus d’amours clandestins comme dans les romans courtois. Ce qu’il a de différent et de dr?le par rapport à ceux-ci, c’est qu’il change le chevalier en goupil et la dame noble en louve. Alors que le chevalier et sa bien-aimée se confient, dans les romans courtois, de longs propos doucereux, ces derniers ne sont pas du tout du go?t de Renart. Il est entreprenant : n’attendant pas qu’elle répète ces belles paroles, Renart ? s’approcha de dame Hersent, la pressa dans ses bras ?, puis les nouveaux amants ? firent échange des promesses les plus tendres ? et il ? parla bient?t de séparation et de la nécessité de prévenir le retour d’Ysengrin ?. Le développement de leur amour se présente comme une imitation très ressemblante de l’amour courtois.

Nombre de scènes dans cette ?uvre servent de parodies des chansons de geste. Dans le récit où Renart conduit Ysengrin à la pêche aux anguilles, par exemple, récit qui décrit une scène de chasse et le combat entre sire Constant et Ysengrin, on emploie des formules qui sont très courantes dans les chansons de geste : ? Ecoutez maintenant le récit d’un fier combat ? ; ? messire Constant descend de cheval, approche l’épée au poing et pense couper Ysengrin en deux ? ; ? Il revient à la charge, vise la tête, le coup glisse et le glaive descend sur la queue qu’elle emporte toute entière ?. La description évoque un combat entre deux chevaliers, seulement ces formules sont détachées de leur contexte logique. Le petit noble de campagne combat comme un chevalier héro?que, mais son adversaire n’est qu’un animal. Son trophée n’est qu’une queue de loup tranchée. Ici, on ne rit pas seulement des mésaventures du loup, ce souffre-douleur du goupil, mais aussi de cette imitation des chansons de geste. Le duel entre Renart et Ysengrin ressemble d’ailleurs à un vrai duel entre deux chevaliers. L’un des deux, Renart, ? possèd[e] tous les secrets de l’escrime […] conna?t le jambet, les tours fran?ais, anglais et bretons, la revenue, les coups secs et inattendus ?, tandis que l’autre, Ysengrin, est ? fort de son bon droit et de la faiblesse de Renart ?. Ils présentent les otages, trouvent des armes, prononcent le serment et, enfin, commencent le combat. Effrayante, la violence de ce combat ne se distingue point d’un combat entre chevaliers irrités.

3.3 Renart, personnage critique

? l’époque du Roman de Renart, avec le développement progressif de l’instruction lié au fait que l’on commence à s’enrichir matériellement, s’opère une prise de conscience de ce qui ne va pas dans la société, prise de conscience dont ce même Roman de Renart est le reflet. Il est donc une satire sociale.

Renart critique tout. Dieu mis à part, il n’épargne personne : ni le roi, ni l’?glise, ni les nobles, ni les seigneurs, ni le peuple. Renart méprise surtout le bas peuple : ? Ceux que Nature a fait serfs ont beau monter en puissance, en richesse, ils ont toujours le c?ur servile, et leur élévation ne leur sert qu’à faire aux Nobles de c?ur et de naissance tout le mal possible ?. Le Roman de Renart dénonce d’ailleurs l’injustice sociale : contrairement aux gens de pouvoir, le peuple n’occupe qu’une place insignifiante, il ne peut ni vivre aisément ni s’exprimer.

Ces récits dévoilent des défauts humains à travers les animaux : pingrerie, orgueil, vanité, crédulité, hypocrisie, cupidité, gourmandise, présomption, brutalité, jalousie, stupidité, l?cheté, méchanceté.

Par le biais des animaux, les trouvères font la satire des abus de leur époque. Alors que les Croisades devenaient courantes, Renart dit ouvertement : ? La coutume des croisés est de retourner pires qu’ils ne sont partis. Ceux mêmes qui étaient des meilleurs à l’aller, sont mauvais au revenir ?. La justice n’est pas impartiale : Rooniaus le juge, ? une personne honnête [et] d’une piété exemplaire ?, compte attaquer violemment Renart, l’accusé, avec ? plus de quarante m?tins de première force ?, et ce en raison de sa rancune personnelle contre lui. En exécutant l’ordre du Roi, les nobles, comme Brun et Tybert, pensent avant tout à la satisfaction de leur intérêt personnel.

Le Roman de Renart critique également les m?urs : en l’absence de Renart à la Cour, ? chacun alors de dauber à qui mieux mieux sur Renart ; c’est ainsi qu’on agit à l’égard de ceux dont la cause est déserpérée ?. D’après le goupil rusé, ? quand un homme riche ou puissant vient en cour, tout le monde s’empresse autour de lui. C’est à qui tiendra son manteau, c’est à qui lui dira : Lavez, lavez, sire ! [...] Mais il en est autrement de celui qui n’a pas grande charge et force deniers : on le dirait sorti de la fiente de Lucifer. Il ne trouve place au feu ni à la table ; il est obligé de manger sur ses genoux, et les chiens de droite et de gauche viennent lui enlever le pain des mains ?.

4 Conclusion

Le Roman de Renart, reflète parfaitement le go?t esthétique et la vie du peuple fran?ais au Moyen-?ge et reste néanmoins toujours apprécié aujourd’hui gr?ce à son personnage principal. Ayant connu une longue période de formation au cours de laquelle des gens de tous les milieux y ont mis du leur, Le Roman de Renart reflète l’idéologie de chacune des diverses couches sociales. Il a ingénieusement créé une beaucoup de personnages animaux, dont Renart le goupil, à la fois complexe et polymorphe, est, pour ces raisons, le plus apprécié.

Si l’on compare Le Roman de Renart à d’autres ?uvres littéraires plus récentes, on ne peut que constater sa singularité ; singularité étroitement liée au contexte historique et social au sein duquel il appara?t. La stabilité relative de la société au Moyen-?ge engendre un développement économique et des changements dans la fa?on de concevoir le monde. Le peuple, qui supporte depuis longtemps l’oppression sous sa forme religieuse et politique, éprouve naturellement de l’antipathie pour la littérature des classes dominantes. Au Moyen-?ge, le développement économique fait na?tre au sein du peuple un intérêt pour les réalités matérielles. Dans Le Roman de Renart, cette recherche de la satisfaction des besoins matériels liés à l’ici et maintenant est bien présente. Le style satirique du Roman de Renart, ainsi que l’inversion de la moralité et de l’esthétique traditionnelles qu’il opère, annoncent de nouvelles valeurs et une nouvelle culture qui seront développés dans la littérature de la Renaissance.

Le Roman de Renart fait la transition entre ce qui vient avant lui et ce qui vient après lui : il se sert des animaux pour critiquer, comme ?sope l’avait fait avant lui, et comme La Fontaine le fera après lui. L’ironie mordante de Renart et son comique remarquable rendent ce personnage indémodable.

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